|
L'urgence d'agir
Plus la peine de se voiler la face : oui la planète se réchauffe
et non les climatologues ne dramatisent pas, ont affirmé des
spécialistes à l'occasion d'un débat public sur les changements
climatiques.
Canada, 12/02/2003
Le réchauffement climatique est bien réel : les températures se sont
élevées de 0,7°C depuis la fin du 19e siècle. « Les quelque 10 000
experts du Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC)
prédisent dans leur dernier rapport, publié en 2001, que l'effet de
serre occasionnera une augmentation des températures de 2 à 6°C au cours
du siècle à venir », a rappelé Claude Villeneuve, biologiste et
professeur à l'Université du Québec à Chicoutimi, hier soir, dans un bar
de la rue Saint-Denis, le Barouf, où se déroulait un débat intitulé «
Changements climatiques, sommes-nous alarmistes? ».
« Cette élévation des température aura des conséquences désastreuses.
Elle conduira à une élévation du niveau des océans et à
l'intensification des phénomènes extrêmes, tels les ouragans, cyclones,
tornades et autres inondations », a insisté Robert Kandel, chercheur en
physique du climat au Centre national pour la recherche scientifique
(CNRS), en France.
« Les gens qui ne comprennent pas que le climat se réchauffe sont
soit très mal informés, soit travaillent pour une compagnie pétrolière
quelconque », a déclaré Pascal Yiacouvakis, météorologue à Radio-
Canada. Selon lui, le phénomène est visible depuis quelques années au
Québec où les étés sont caniculaires et les hivers plus cléments et
moins enneigés.
« Les espèces animales migrent de plus en plus loin », a dénoncé
Claude Villeneuve, qui a constaté une augmentation de six kilomètres
supplémentaires par décennie. « Le cerf de Virginie se rend même
jusqu'au Lac St-Jean où sa population augmente d'année en année. Le
problème c'est qu'il transmet ses parasites au caribou qui n'y résiste
pas et meurt », a-t-il déploré.
Claude Villeneuve a précisé que le protocole de Kyoto à lui seul ne
réglera pas le problème. Il invite les gens à agir : «C'est un ensemble
de gestes insignifiants qui ont créé le problème et c'est un ensemble de
gestes insignifiants qui le régleront ».
A l'origine de ce réchauffement climatique, les gaz à effet
de serre (GES), comme le dioxyde de carbone et le méthane. Ces gaz
contenus dans l'atmosphère agissent comme les vitres d'une serre. Ils
empêchent une partie de l'énergie solaire reçue par la Terre de repartir
dans l'espace. Ce phénomène engendre un réchauffement. Avec l'ère
industrielle, les émissions de ces gaz ont augmenté, accroissant leur
concentration dans l'atmosphère. Il y a aujourd'hui 40% de plus de GES
dans l'atmosphère qu'avant l'ère industrielle.
Source:
Québec Sciences.
|
Le
protocole de Kyoto |
|
Changement climatique,
vers une catastrophe annoncée ?
Le 4 novembre 2002, des scientifiques se sont mis à la
disposition du public pour répondre en direct et par
téléphone à ses questions, via l'opération européenne "La
Science au bout du fil" (SCIENCE CALL) effectuée durant la
Semaine européenne des sciences et des technologies.
Si j'ai bonne mémoire, la vapeur d'eau cause une grande part
de l'effet de serre des gaz contenus dans l'atmosphère.
Pourquoi n'est elle nulle part mentionnée? est ce parce que
sa concentration dans l'atmosphère est restée constante et
n'a pas changé dans le passé ancien et dans le présent ?
(Jean
Marie
03/11/2002)
En
effet, la vapeur d'eau (H2O sous forme gazeuse) contribue
pour une grande part dans l'effet de serre (environ 90 sur
150 watts par mètre carré du rayonnement infrarouge
absorbé). En outre, les gouttelettes d'eau et cristaux de
glace qui forment les nuages contribuent près de 30 Watts
par mètre carré en moyenne. Ces aspects sont mentionnés dans
les livres qui rentrent dans la physique de l'effet de
serre. Mais il ne faut pas confondre l'effet de serre
d'aujourd'hui avec le renforcement de l'effet de serre dû
aux émissions de CO2, CH4 etc. Ces émissions déséquilibrent
fortement les cycles d'échange de ces gaz avec les océans,
la biosphère, le sous-sol. La vapeur d'eau, sa concentration
varie et elle a certainement varié dans le passé.
D'ailleurs, les calculs qui donnent un réchauffement
important comportent une "rétroaction positive" de la vapeur
d'eau. Cela veut dire qu'avec un peu de réchauffement,
l'atmosphère peut contenir davantage de vapeur d'eau. Si la
concentration de vapeur d'eau augmente alors, cela renforce
la contribution H2O à l'effet de serre et amplifie le
réchauffement.
Robert KANDEL
Quels sont précisément les gaz à effet de serre ? En effet
on parle beaucoup de Co2 et beaucoup moins de méthane. Où
peut-on se procurer des données globales en matière de
climatologie ? (Jacques
04/11/2002)
Le CO2
représente environ 50 % de l'effet de serre additionnel. Les
autres gaz (méthane, oxyde nitreux, ozone troposhérique)
contribuent pour les autres 50 % dans des proportions de 15
à 20 % chacun. Les observations montrent que le CO2 a
augmenté d'environ 30 % dans l'atmosphère depuis le début de
l'ère industrielle. Le méthane a augmenté de 150 % et
l'oxyde nitreux de 17 %. Même si le CO2 ne contribue que
pour la moitié de l'effet de serre additionnel, il est
souvent mis sur le devant de la scène lorsque l'on parle des
changements climatiques. En effet, son temps de résidence
dans l'atmosphère est plus long que celui d'autres gaz à
effet de serre (environ 120 ans pour le CO2, environ 10 ans
pour le méthane) et il est donc susceptible de perturber
l'équilibre de l'atmosphère plus longtemps, même après
diminution de ses émissions (voir par exemple le site
Internet du CMDL de la NOAA qui mesure ces gaz depuis plus
de 10 ans à l'échelle globale).
Didier HAUGLUSTAINE
Tout gaz fait de molécules à trois atomes ou plus contribue
à l'effet de serre : H2O, CO2, méthane (CH4), les CFC, NO2,
Ozone (O3). Les activités humaines agissent plus ou moins
directement sur le CO2 (combustion de carbone, pétrole,
gaz), indirectement sur le CH4 (bactéries qui prolifèrent
dans les rizières inondées et les entrailles des vaches,
comme dans les marécages) ; on a arrêté la fabrication de
CFC mais ces gaz vont perdurer 20 à 50 ans. On parle
beaucoup de CO2 parce que ce sont les émissions de CO2 par
combustion de carburants fossiles qui sont les plus
importants. En plus le CO2 s'accumule pendant des décennies
voire des siècles. Les émissions de CH4 ne sont à négliger,
mais au bout d'une décennie le CH4 aura été oxydé et forme
du CO2 et du H2O. Le H2O est très important par
"rétroaction", c'est à dire si la quantité de vapeur d'eau
dans l'air augmente avec le réchauffement, cela renforcera
d'autant plus l'effet de serre et amplifiera le
réchauffement. Mais les émissions de H2O par combustion
d'hydrocarbures ont un effet direct négligeable dans le
cycle de l'eau à l'échelle globale.
Hervé LE TREUT et Robert KANDEL
En 2001, les travaux d'un scientifique Danois (Petersen si
je ne m'abuse) tendaient à montrer que la variation de
l'activité magnétique du soleil était pour une bonne part
responsable de la formation nuageuse et donc de
l'augmentation de la température globale. Où en sont ces
travaux? D'autres scientifiques se sont-ils raliés à ces
thèses ? (Olivier
04/11/2002)
Les
travaux de Svensmark et de Friis Christensen s'insèrent dans
une longue série d'études des relations entre l'activité
solaire d'une part, la météorologie et le climat d'autre
part. Ils évoquent d'une part quelques corrélations
globales, d'autre part un mécanisme physique qualitativement
plausible, qui donnerait à l'activité solaire une influence
sur les noyaux de condensation et de gel des nuages.
Toutefois, je considère qu'ils n'ont pas pris correctement
en compte le fait que la latitude et l'altitude des nuages
déterminent leur influence sur le plan radiatif et par là
sur les températures. Comme les effets des rayons cosmiques
doivent être plus forts près des pôles, cela change le signe
de leurs effets. Bref, Je n'y crois pas. D'autres
enthousiastes solaires proposent des mécanismes différents.
Il est certain que l'activité solaire a une influence
importante au-dessus de 50 km d'altitude, il est probable
qu'elle influence fortement la stratosphère (10 à 50 km),
peut-être sur le climat. Mais il faut encore le quantifier ?
Robert KANDEL
Quelles sont les causes de la perturbation de l'effet de
serre?quelles en sont les conséquences sur l'activité
humaine ? Et comment l'homme a-t-il contribue au
réchauffement planétaire ? (johanna
07/11/2002)
Depuis
2,5 siècles et plus particulièrement ces derniers 50 ans, en
brûlant de plus en plus de combustibles fossiles, l'homme
émet dans l'atmosphère de plus en plus de CO2 et d'autres
gaz à effet de serre modifiant sa composition chimique de
façon significative. La déforestation, l'agriculture et
l'élevage, surtout celui des bovins, contribuent à ce
phénomène. Ces gaz à effet de serre sont opaques au
rayonnement infrarouge que la terre doit ré émettre vers
l'espace, et provoquent de ce fait un réchauffement des
basses couches de l'atmosphère et une modification du cycle
de l'eau. La répartition des zones d'évaporation et de
précipitation pourrait s'en trouver perturbée, modifiant
l'activité biologique et humaine sur la planète, notamment
les conditions des pratiques agricoles. Paradoxalement,
l'Europe du Nord pourrait se refroidir en raison de la
modification des courants marins profonds qui tempèrent
actuellement son climat.
Robert Kandel.
A
quel point du cycle de Milankowicz sommes nous par rapport à
la dernière glaciation majeure? La biomasse augmente t'elle
sur terre (algues des océans, forêts) en même proportion que
le CO2 émis? Quel est l'impact des émissions volcaniques
aériennes et sous marines par rapport aux émissions des gaz
fossiles par l'activité humaine et des termites et autres
bêtes flatulentes (bétail) (Méthane et CO2). Merci. (ailean
07/11/2002)
Nous
sommes actuellement dans une période interglaciaire, sur la
pente de refroidissement du cycle de 21.000 ans de
Milankovitch. Mais les trois autres cycles, de 40.000,
100.000 (surtout) et dans une moindre mesure celui de
400.000 ans interviennent aussi pour compliquer les choses,
en particulier pour lui donner plus d'ampleur. En faisant
abstraction des changements de la composition atmosphérique
dus aux activités humaines, nous serions en route vers un
refroidissement, mais le retour radical des glaces est
attendu pour dans 20.000 ans.
En ce qui concerne la biomasse: les incertitudes sont
nombreuses pour que l'on puisse savoir quelle partie des
émissions anthropiques de CO2 elle pourra "éponger" dans
l'avenir. On sait que la biomasse et les océans ont absorbé
d'une manière ou d'une autre environ la moitié de ce qui a
été émis vers l'atmosphère. Nous avons peu d'indices sur
leurs parts respectives dans cette évolution . Les
évaluations de la biomasse marine sont peu précises. La
biomasse continentale est affectée par la déforestation
tropicale, mais en même temps, le peuplement végétal
d'autres zones continentales augmente: en Europe, on laisse
désormais repousser les forêts. Le bilan de ce double
phénomène n'est pas clair. L'augmentation de CO2 et le
réchauffement qui l'accompagne pourraient avoir un effet
fertiliseur. Certains calculs suggèrent qu'il compense
aujourd'hui en partie la déforestation tropicale, mais cette
hypothèse est en cours de discussion.
Au sujet des volcans: ces derniers émettent du CO2 mais peu,
comparé aux autres flux naturels et anthropiques: il s'agit
de quantités négligeables dans l'époque géologique actuelle,
contrairement à ce qu'ils émettaient encore voici quelques
millions d'années. Les volcans actuels ont malgré tout un
impact sur le climat en raison de l'effet parasol auquel
contribuent les éruptions puissantes qui émettent
d'importantes quantités de SO2 (dioxyde de soufre) qui
atteignent la stratosphère (10 à 50 km d'altitude). Ce gaz
se transforme en aérosols de sulfates, qui peuvent à ces
altitudes se répandre dans l'atmosphère et y rester en
suspension des mois durant, bloquant en partie le
rayonnement solaire et entraînant un refroidissement (d'où
le terme "effet parasol"). Ce phénomène a été observé après
l'éruption du Mont Pinatubo aux Philippines en 91, qui a
entraîné un mini "coup de froid" constaté à l'échelle de la
planète.
Le méthane (CH4) provient non pas des volcans, mais de
certaines bactéries (que l'on trouve dans le sol et les
marécages, dans les rizières, ou encore dans les estomacs
des bovins. On en trouve par ailleurs dans les sédiments
marins, piégé dans des minéraux hydratés. On imagine qu'avec
l'accroissement de la température, il risque de s'en
échapper, formant de gigantesques bulles de gaz, et cette
éventualité est très discutée, puisque quelques indices
existent d'événements de ce type dans un passé éloigné.
Robert Kandel
Pourquoi certaines régions subissent des inondations
actuellement alors qu'elles n'en subissaient pas avant ?
(Elèves
de Stenay
04/11/2002)
Lorsque
des inondations touchent des régions qui n'en connaissaient
pas avant il faut d'abord se demander: depuis quand ? La
connaissance sur des événements analogues peut s'être perdue
au cours du temps parce que les témoignages de personnes
pouvant les avoir vécus ne peuvent remonter qu'à quelques
générations. Les archives historiques peuvent toutefois nous
permettre de remonter plusieurs siècles en arrière.
Certaines données de débit des fleuves sont aussi
disponibles en continu sur des périodes de plusieurs
centaines d'années. Or si l'on considère ces données, il
apparaît que tous les événements récents (inondations de la
Somme, inondations de l'Aude, ...) ont eu des antécédents
dans un passé plus ou moins lointain. Ce qui peut être
nouveau c'est l'évolution de certains facteurs aggravants
des inondations comme la suppression de haies en liaison
avec l'agrandissement des parcelles cultivées (remembrement)
ou l'urbanisation qui augmentent la vitesse des écoulements
en surface et donc le risque d'inondations. Ces facteurs
peuvent être déterminants localement. A l'inverse, le
développement du tourisme fluvial, grâce à une amélioration
de l'écoulement dans le lit du fleuve lié à l'entretien des
berges, peut être un facteur de réduction du risque. Il en
est de même des contrôles partiels des débits assurés par
les agences de bassin. Au-delà de ces effets locaux qu'il
est difficile de quantifier, la question posée renvoie à
celle d'une éventuelle augmentation de la pluviométrie - et
plus particulièrement des pluies exceptionnelles - première
cause des inondations. Il est avéré qu'en moyenne les pluies
ont augmenté au cours du XXième siècle de 5 à 10% environ
aux moyennes et hautes latitudes de l'hémisphère nord.
L'augmentation des pluies les plus fortes serait même plus
importante (de 20à 30%). En France, une étude plus précise
(mais qui, faute de données fiables sur le début du siècle
ne porte que sur 40 départements) montre que les pluies ont
augmenté en moyenne dans la plupart des régions (de 5 à 15%
pour 20 départements, d'un peu plus de 15% sur 9
départements), mais ont légèrement diminué dans le sud-est.
Les pluies d'hiver (et d'automne dans une moindre mesure)
ont été celles qui ont le plus augmenté tandis que celles
d'été (et du printemps dans une moindre mesure) ont le plus
diminué. Aucune étude actuelle n'a analysé à l'échelle de la
France la relation entre l'augmentation des pluies sur le
XXième siècle et une augmentation éventuelle des inondations
en France. Par contre, s'agissant d'épisodes de pluies
diluviennes du type de ceux qui ont produit les graves
inondations que nous avons connues récemment dans le sud-est
de la France (épisodes cévenols), nous savons avec certitude
que leur nombre n'a pas varié en tendance sur les cinquante
dernières années.
Serge Planton
On
parle de réchauffement progressif de la planète; quelles
conséquences cela peut-il avoir sur les êtres vivants ?
(Elèves
de Stenay
04/11/2002)
Il
s'agit d'une vaste question qui sort du champ de la
climatologie mais voici quelques éléments de réponse sur
quelques exemples. On s'attend à une augmentation de la
croissance des jeunes arbres de l'ordre de 30% sous l'effet
d'un doublement de la concentration du gaz carbonique. Mais
il s'agit là d'un effet lié à la photosynthèse et non au
réchauffement. De plus il faut raisonner sur des populations
naturelles qui mélangent différentes espèces à différents
stades de développement. D'une manière générale, on observe
actuellement une croissance des forêts européennes au taux
de 1 à 2 % par an ne pouvant pas s'interpréter par le seul
effet direct de l'augmentation de la concentration de CO2.
Cette croissance s'interprète aussi en partie par un effet
d'allongement de la période de croissance en raison d'une
fonte des neiges plus précoce. Pour faire des projections
dans le futur lointain il faut disposer de modèles simulant
l'évolution des forêts existant actuellement mais comportant
encore beaucoup d'inconnues en particulier concernant
l'adaptation des écosystèmes. Un autre type d'impact du
réchauffement sur les êtres vivants pourrait être le
déplacement d'espèces animales. Certaines études montrent
ainsi une extension de la malaria (paludisme) en raison de
l'extension des régions favorables au développement de
l'anophèle, l'espèce particulière de moustique porteuse du
vecteur de la maladie (les changements de pluviométrie sont
aussi en cause dans ce cas). La difficulté est ici de
prendre en compte le facteur humain qui est dominant dans ce
type d'évolution à long terme (l'homme a réussi à faire
disparaître la maladie qui sévissait dans nos régions il y a
quelques siècles grâce à un assainissement des régions
marécageuses). Les impacts sur l'homme sont aussi
potentiellement nombreux. On vient de voir qu'il peut y
avoir un effet indirect des changements climatiques sur la
santé à cause de la propagation de vecteurs de maladies
infectieuses. Il peut aussi y avoir des effets directs en
particulier liés à l'augmentation attendue de la fréquence
des fortes chaleurs estivales (aggravés par la pollution
urbaine). On a en effet pu observer une augmentation de la
mortalité au cours de ces épisodes. Mais il faut aussi
remarquer qu'il s'agit principalement d'une mortalité
différée dans le temps (se produisant plus tôt mais qui
serait la même sur une longue période de temps). Par
ailleurs la moindre fréquence des périodes de fortes gelées
en hiver a l'effet inverse. C'est un domaine où il est
encore très difficile d'obtenir des données chiffrées.
Serge Planton
La vie s'est adaptée à certaines conditions climatiques
(température et précipitation essentiellement). Si ces
conditions viennent à changer les individus les plus faibles
ou sensibles d'une population seront mis en danger.
L'augmentation de la pluie ou la réduction du nombre de
jours de gel entraînera probablement une augmentation des
parasites qui touchent la végétation. Un plus grand nombre
de vague de chaleur mettra en danger les plus jeunes et les
plus vieux de la population humaine. La pyramide des âges
pourra donc être modifiée. Dans le cas extrême, la
population (végétale ou animale) pourra être suffisamment
modifiée pour que la capacité de reproduction s'en trouve
modifiée et dans l'infini aller jusqu'à la disparition.
Jan POLCHER
Comment explique-t-on le manque de neige dans nos régions ?
(Meuse) (Elèves
de Stenay
04/11/2002)
La
diminution de la couverture de neige de l'hémisphère nord a
pu être démontrée par des mesures satellitaires. Il est
avéré que la couverture de neige de l'hémisphère nord a
diminué d'environ 10% depuis la fin des années 60. Cette
diminution est une conséquence du réchauffement observé au
cours de la période. En France, le réchauffement est aussi
observé au cours du XXième siècle. Il est en moyenne de
0,9°, plus important au Sud (environ 1,1°) qu'au Nord
(environ 0,7°). Même si le réchauffement est plus important
en été et en automne qu'en hiver ou au printemps, il est
suffisant pour expliquer une baisse de l'enneigement des
Alpes observée en particulier de façon régulière sur le site
de mesure du Col de Porte. Cette constatation n'a pas été
faite en Lorraine car cela nécessiterait des mesures de
référence (sans que le mode de mesure change au cours du
temps) sur une longue période de temps. En raison du
réchauffement qui correspond grossièrement à un déplacement
de 180km vers le nord des lignes d'égale température
(moyenne annuelle) au cours du siècle, cette diminution est
toutefois probable.
Serge Planton
Si
l'on continue à surexploiter la planète, pourra-t-on
continuer à vivre dessus jusqu'à l'explosion du soleil ?
(Elèves
de Stenay
04/11/2002)
Il
s'agirait de faire là une projection sur le très très long
terme (plusieurs milliards d'années). A ces échelles de
temps, bien d'autres facteurs que les changements
climatiques peuvent intervenir. Je vais donc limiter ma
réponse à la période pour laquelle on fait actuellement des
projections des changements climatiques. Certaines
simulations, avec des modèles simplifiés de climat,
permettent d'évaluer les changements de températures qui
pourraient se produire sur les 3 prochains siècles suivant
des scénarios de stabilisation de la concentration du CO2
atmosphérique. Par rapport aux projections faites pour la
fin du XXIième siècle, la température augmenterait encore de
0,5° à 2° jusqu'en 2350 (parce que les simulations ne vont
pas au-delà, mais la température continuerait d'augmenter
après 2350) à condition de stabiliser la concentration du
gaz carbonique à respectivement 0,45°/oo et 1°/oo (elle est
actuellement de 0,37°/oo). Il faut cependant savoir que la
stabilisation de la concentration du O2 à 0,45°/oo et 1°/oo
implique de réduire les émissions par rapport au niveau
actuel, respectivement d'un facteur 3 d'ici à 2100 et d'un
facteur 2 d'ici à 2300. Il s'agit donc d'un objectif qui va
bien au-delà de celui du protocole de Kyoto (réduction de
5,2% dans les pays industrialisés d'ici à 2012). Des
paléoclimatologues ont aussi calculé que, si rien n'est fait
pour réduire les émissions, l'actuelle période
interglaciaire pourrait être prolongée de plusieurs dizaines
de milliers d'années (sans l'action de l'homme, le climat
devrait évoluer vers un nouvel âge glaciaire d'ici à environ
60000ans). Il est difficile d'en mesurer toutes les
conséquences probablement considérables (augmentation de
plusieurs dizaines de mètres du niveau des mers dû à la
fonte des calottes polaires, déplacement des populations
...) même si à cette échelle de temps on peut considérer que
la terre ne sera pas pour autant "invivable" du seul fait du
climat (la terre a aussi connu des climats plus chauds, sans
calottes polaires, en particulier à l'époque des
dinosaures).
Serge Planton
Quels sont les changements climatiques annoncés dans le
futur ? (Elèves
de Stenay
04/11/2002)
Les
projections du changement climatique faites à partir de
modèles prenant en compte différents scénarios d'évolution
des gaz à effet de serre et des particules dans
l'atmosphère, donnent une fourchette de variation de la
température moyenne de la planète comprise entre 1,5°C et
6°C sur la période 1990-2100. Parmi les caractéristiques
communes à l'ensemble des simulations numériques réalisées
par les groupes de recherche climatique on note un
réchauffement plus marqué sur les continents et en hiver, le
renforcement du cycle hydrologique global et une réduction
de l'amplitude du cycle diurne des températures. A l'échelle
de l'Europe la dispersion des résultats des modélisations
climatiques est importante mais on note également certaines
similitudes. Les augmentations de températures simulées sur
l'Europe sont généralement comprises entre 1,5°C et 3,5°C
(moyennes pour l'ensemble de l'Europe) pour un doublement de
la concentration du gaz carbonique. En été, elles sont
légèrement plus importantes au sud. La tendance générale des
modèles est de simuler des précipitations plus importantes
en hiver sur le Nord de l'Europe (jusqu'à 30% pour la fin du
XXIième siècle et un scénario "pessimiste" d'augmentation du
CO2 au taux de 1% par an) et plus faibles en été sur le sud
de l'Europe (jusqu'à 40% pour la fin du XXIième siècle et le
même scénario), mais avec une limite nord-sud variant d'un
modèle à l'autre. Les résultats concernant la fréquence et
l'intensité des tempêtes sont contradictoires puisque
certaines études indiquent une augmentation de l'intensité
des tempêtes sans modification de leurs trajectoires, alors
qu'à l'inverse, selon d'autres études, l'intensité ne
devrait pas varier mais leurs trajectoires se déplacer vers
le Nord de l'Europe. Dans le cas particulier de la France
les incertitudes sont encore plus importantes même si ce qui
a été dit pour l'Europe s'applique aussi. Une étude récente
conduite avec une modélisation à échelle plus fine sur notre
pays confirme la tendance au réchauffement en toutes saisons
mais plus accentuée en été au sud du pays. Les changements
de précipitations sont beaucoup plus difficiles à simuler à
cette échelle. La tendance est cependant à des hivers plus
humides en toutes régions et des précipitations plus faibles
pour les autres saisons particulièrement au sud du pays.
L'augmentation des pluies ne compenserait pas la diminution.
Un signal de réchauffement analogue (sa répartition
géographique) à celui du modèle a pu récemment être détecté
sur les températures nocturnes moyennes d'été observées
depuis quelques dizaines d'années. Ce n'est pas le cas pour
les températures de jour, pour les autres saisons ou encore
pour les précipitations.
Serge Planton
Pouvez-vous présenter les différents modèles d'évolution
future du climat simplement ? (Elèves
de Stenay
04/11/2002)
Les
modèles numériques du climat ont d'abord été imaginés pour
répondre à la question: peut-on utiliser les équations de la
physique pour comprendre les régimes de vent, de température
et de précipitations à la surface du globe? La réponse est
très largement oui. En utilisant les équations de la
mécanique des fluides, du transfert radiatif, et en les
calculant aux noeuds d'une grille qui couvrent la terre on
arrive à reproduire les régimes d'alizés, les anticyclones,
les fluctuations liées aux dépressions. On obtient une sorte
de planète numérique qui ressemble beaucoup à la planète
réelle c'est cette planète numérique qui est complétée par
une représentation des océans, des glaces de mer qui sert à
effectuer les scénarios climatiques futurs. On peut
soumettre cette planète numérique aux mêmes variations des
gaz à effet de serre qu'on attend dans le futur. Bien sûr,
si cette planète numérique ressemble beaucoup à la planète
réelle, elle en est un peu différente quand même: on ne peut
représenter les nuages, la végétation que sous une forme
simplifiée (ce qui ne veut pas dire simple!) qui diffère de
modèle à modèle. C'est pourquoi la communauté scientifique a
conservé une grande variété de modèles, qui reposent sur les
mêmes équations et diffèrent dans la manière de simplifier
l'effet des nuages, de la biologie continentale ou
océanique.... C'est l'ensemble de ces modèles qui fournit
une indication sur les risques climatiques.
A quoi est du la fonte des glaciers dans le monde ? (Anonyme
04/11/2002)
Les
glaciers de montagne semblent de manière générale (mais pas
absolument partout dans le monde) être en train de reculer,
probablement en liaison avec le réchauffement anthropique
déjà constaté, qui accélère la fonte de la glace à la sortie
des glaciers. Le phénomène est frappant dans les Alpes, les
Andes et quelques montagnes telles le Kilimandjaro au Kenya.
En Alaska, les processus sont plus complexes,
l'environnement y est plus froid: certains glaciers reculent
alors que d'autres, au contraire, avancent.
L'évolution des glaciers de l'Antarctique obéit à des
processus encore différents. Comme tous les glaciers, ils
coulent naturellement vers le bas. Ils viennent se casser en
marge du continent, pour donner naissance à de gigantesques
icebergs, comme l'ont montré des images spectaculaires ces
dernières années. Une éventuelle accélération de ce
phénomène est peut-être aussi liée à la tendance au
réchauffement et à quelques été particulièrement tièdes.
Robert Kandel
(Source:
Science Contact) |
|